colloque en ligne des personnes étudiantes
à la maîtrise en arts visuels et médiatiques, UQAM
le 8 et le 15 avril
alegría gobeil
auto-violence, filiation et compromission :
expérimentation d’une filiation aux psychiatrisé-e-s
par l’élaboration d’un protocole de coupure
dans le cadre d’une pratique performative
en milieu académique
À qui, à quoi, me lie le fait de m’affilier aux psychiatrisées (aux enfermé-e-s, aux « fousfolles », aux psychopatho-logisé-e-s) par la pratique de la coupure, d’« auto-mutilation »? Les derniers mois de ma vie ont été mobi-lisés afin d’encorporer ce questionnement en expéri-mentant le fait de déplacer le geste de la coupure dans le cadre universitaire, geste qui m’inscrit dans l’héritage d’une histoire de l’art qui l’avalise et dans une histoire de psychiatrisation qui le marginalise. Dans une approche performative de la parole, ma communication vise à poursuivre cette investigation, qui embrasse le contexte de ma recherche, sa réception et ses modes de validation comme objets mêmes de la recherche. Ce faisant, elle vise à en mettre en commun une pluralité de récits dans l’objectif de désindividualiser et de complexifier les discours psychiatriques et artistiques sur les pratiques auto-violentes.
démarche artistique
Ma pratique m’amène à travailler avecsur des pratiques, manières de vivre et de penser considérées comme étant improductives, autodestruc-tives, nuisibles, invivables. Ne pas prendre soin de soi, se faire mal, se rendre incapable, sont des modes que j’incorpore à ma vie/pratique afin de considérer ce qu’ils déplacent, ce qu’ils sabotent, ce qu’ils permettent de négocier. Je mémorise, re/prononce, retranscris, refais sans public ou en secret, spécule et avoue. Mon approche performative tend vers la non-action et le protocole, s’appuyant souvent sur un relai de la parole et de l’écrit. C’est par l’encorporation d’une multiplicité de vécus – la plupart du temps psychiatrisés – que je tente une désidentification, m’encrant dans une pratique qui dé/joue les perspectives individualisantes du pouvoir psy-chiatrique. Cette approche est nourrie par des perspectives transféministes, anti-psychiatriques et Mad, qui me permettent de complexifier et de critiquer dans quels termes et sous quelles formes l’action en art performance est considérée comme permettant le déploiement d’une souveraineté émancipatrice déployée à même « son » propre corps.